Enfin dehors ! | Anaëlle
Je suis Anaëlle. D’ici à l’été, je me suis engagée dans une découverte d’ATD Quart Monde. Six mois, c’est long et court à la fois. Six mois pour mieux comprendre, mieux intégrer, mieux m’impliquer. Six mois pour avancer sur mes réflexions, pour me lancer des défis. Six mois, c’est très court en fait. ATD Quart Monde m’a demandé de vous partager ici quelques chroniques de cette expérience.
La neige a fini de fondre libérant les déchets accumulés durant les longs mois d’hiver. Et les odeurs qui vont avec… Des citoyens se sont réunis pour nettoyer la rue et le parc. La pluie a fini le travail. Mais aujourd’hui, le soleil brille et réchauffe le cœur. Il nous accueille. Un ciel incroyablement bleu. Nous installons la couverture à l’ombre d’un arbre. Des enfants nous aident à placer les livres. La bibliothèque de rue peut commencer. Mais ils s’en vont retrouver ballons et balançoires.
Nous voilà face à un nouveau défi. Comment inviter des enfants à nous rejoindre sur la couverture avec comme seule répartie : des livres. Le livre, symbole de la salle de classe, de l’intérieur, de l’obligation. C’est évident que sauter, se courir après, faire la roue.. Bref, cette liberté est bien attrayante. Les animateurs et animatrices redoublent d’effort pour rejoindre l’intérêt et la curiosité des enfants.
Aujourd’hui, nous créons un album photos. Pas n’importe quel album. Celui du Festival des savoirs partagés qui a eu lieu dans ce même parc l’été passé. Les enfants se reconnaissent sur les photos. Ils rigolent en choisissant celles qu’ils vont décorer. Les ciseaux caquettent, les paillettes s’envolent, les rubans s’entortillent… Tous les petits créateurs sont à l’œuvre. Entre rires et chamailleries, nous nous rappelons du festival de l’année précédente tout en nous projetant dans celui à venir.
Petit à petit, un, deux puis trois enfants finissent par jeter un œil aux livres que nous avons apportés. Ils s’assoient sur la couverture. C’est que nous les connaissons bien ces petits lecteurs. Pour le passionné de dinosaures, un livre sur le jurassique. Pour l’amoureuse des chats, un bouquin félin. Pour notre grande amatrice de classiques, le conte des trois petits cochons revisité. Il y en a pour tous les goûts.
Je regarde autour de moi. Au printemps, les journées se rallongent et permettent de lâcher prise. On reste plus longtemps dans le parc. On dîne plus tard. On prend le temps de prendre le temps. Cela nous permet d’aller à la rencontre des parents, plus disponibles, qui prennent le soleil sur un banc. J’apprends sur la vie du quartier. Je découvre des nouveaux visages et j’en retrouve des anciens. Je partage mon enthousiasme sur la vitesse à laquelle les enfants changent et grandissent.
Certaines habitudes du parc changent très peu. Je retrouve aussi certaines discussions sur le même banc. Les conflits entre les personnes vivant dans la rue et les résidentEs se répètent. Le dépanneur dépanne toujours. Autour, par contre, le quartier évolue vite. Les cafés branchés se multiplient. Les condos poussent de tout bord et poussent les plus pauvres loin, toujours plus loin.
Les bourgeons sur cet arbre au dessus de notre tête poussent aussi. C’est un enfant qui me le fait remarquer. C’est un bourgeon et bientôt, s’il y a assez de soleil, il donnera une fleur. Dans ce parc, au printemps, il y a de la vie.
Découvrez également la chronique Réveiller les murs endormis et Écouter c’est bien, comprendre c’est mieux d’Anaëlle.
© Photo, ATD Quart Monde