On vit bien sur le BS – FAUX!

Trop d’idées fausses sur la pauvreté influencent négativement les personnes en position de pouvoir, celles qui conçoivent les programmes et mettent en place des services de lutte à la pauvreté. Cela fait en sorte que trop souvent ces actions ratent leur cible. Déjà les personnes manquent de revenu, mais elles souffrent en plus du jugement social qu’imposent ces idées fausses.

Il est facile de rêver être rentier ou rentière, c’est-à-dire, recevoir de l’argent sans travailler, comme les enfants héritiers d’auteur et d’autrice de chanson ou de livres, comme les enfants de riches investisseurs ou comme les gagnants et gagnantes de Loto-Québec. Mais la situation des personnes assistées sociales est très différente. Elles ne sont pas rentières de l’État.

L’assistance sociale donnée pour une personne seule qui serait apte à travailler est de 807$ par mois. L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a calculé la mesure du panier de consommation (MPC) pour 2023 à 2001$ par mois1. Il s’agit du montant pour couvrir ses besoins de base, pour une personne seule vivant à Montréal. Ce n’est pas encore être sorti de la pauvreté. De plus, si deux personnes sont en couple, vivant ensemble, elles ne reçoivent qu’un montant pour le couple, qui est de 1225$2 par mois, soit moins l’équivalent de 612,50$ par personne par mois. Avec le coût des logements, de l’épicerie et du transport, peut-on encore imaginer qu’on vit bien à l’aide sociale?

L’aide sociale ne protège pas de la faim, car 2 ménages sur 3 souffrent d’insécurité alimentaire3. De plus, l’espérance de vie est de 10 ans inférieur pour les personnes vivant dans un quartier pauvre que celle vivant dans un quartier mieux nantis4. Sans compter, que selon une étude sur l’opinion publique, les personnes à l’aide sociale sont les plus discriminées dans les médias et elles font l’objet d’une opinion publique québécoise nettement moins favorable que celle accordée à d’autres groupes sociaux marginalisés, comme les personnes issues de l’immigration ou les minorités sexuelles5.

Ces données nous amènent à changer notre regard sur les personnes en situation de pauvreté et à repenser nos programmes sociaux pour éliminer la pauvreté, ce, tout en respectant la dignité de ceux et celles qui la vivent.

En finir avec la pauvreté, c’est d’abord en finir avec les idées fausses

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La fiche contre l’idée fausse « On vit bien sur le BS » est disponible pour diffusion dans vos médias et réseaux sociaux. 
Vous pouvez les imprimer librement également pour faire changer les idées sur la pauvreté.
Des copies imprimées, format carte postale, sont disponibles sur commande au prix coûtant. Appelez-nous ou écrivez-vous.

Sources:
1- Institut de recherche et d’informations socioéconomiques. (2023). Le revenu viable de 2023 dans la spirale de l’inflation et des baisses d’impôt. Disponible en ligne à https://iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2023/05/Revenu-viable-2023-WEB.pdf
2- Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. (2023). Montants des prestations d’aide sociale chaque mois. Disponible en ligne à https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-sociale-et-solidarite-sociale/information-aide-financiere/montants-prestations-aide-sociale
3- Tarasuk, V. et Mitchell, A. (2020). L’insécurité alimentaire des ménages au Canada. Food Insecurity Policy Research.
Disponible en ligne à https://proof.utoronto.ca/wp-content/uploads/2020/04/REPORT-1_FR.pdf
4- Fillion, D. et Vinet, J. (2019). Pauvreté, inégalités et problèmes sociaux. Fides Education.
5- Landry, N., Blanchet, A., Rocheleau, S., Gagné, A.-M., Caidor, P. et Caneva, C. (2021). Représentations médiatiques et opinion publique de l’assistance sociale au Québec. Nouvelles pratiques sociales, 32 (1), 84–112. https://doi.org/10.7202/1080871ar