Le logement pour la dignité des personnes

Ces dernières années, le thème du logement nous est souvent proposé pour nos Universités populaires Quart Monde (UPQM). Mais nous n’avons pas abordé ce thème jusqu’à présent parce que l’expérience des personnes en situation de pauvreté est très semblable à la situation de la crise du logement actuelle, et ce, bien avant que nous parlions de crise de logement. Le prix des logements exorbitant, l’état des appartements délabrés, le manque de HLM et de logements sociaux, les rénovictions, etc. J’ai trouvé le compte-rendu d’une UPQM de 2009 sur le Logement. Qu’est-ce qui a changé? Nous ne disons plus « la Régie du logement », mais « le Tribunal administratif du logement (TAL) ».

Sinon, l’expérience des personnes en situation de pauvreté est tout autant pénible. Sauf que nous savons aujourd’hui que lorsqu’une personne quitte son logement, le propriétaire peut ajuster le prix du loyer au prix du marché. Selon les régions du Québec, l’augmentation peut atteindre 20%. En 2021, nous écrivions à la Presse : « Comment une personne à faible revenu peut-elle espérer trouver un logement mieux adapté que son logement trop petit, insalubre, peu sécuritaire avec un écart de prix de 10 à 15 %? De plus, maintenant s’ajoutent des astuces de propriétaires tordus qui ne collectent pas les loyers pour ensuite s’adresser au TAL pour non paiement de loyers et forcer l’expulsion.

Un logement peut transformer l’expérience de la pauvreté d’une personne ou d’une famille. Frédéric écrivait en 2019 combien un logement social avait changé sa vie : « finie l’insécurité alimentaire[…] je peux manger à ma faim, jusqu’à la fin du mois, à tous les mois. […] finie l’insécurité généralisée. » Micheline nous a raconté en 2020 que c’est un ami qui l’a endossé pour signer son bail, lui permettant de trouver un loyer abordable, après cinq ans sans domicile fixe. Cette année, Ginette a témoigné qu’elle a commencé à revivre, qu’elle a retrouvé sa dignité, d’abord en trouvant un logement mieux entretenu que le précédant, où le plafond coulait et où le garage du propriétaire était rempli de chiens bruyants. Depuis, elle s’implique fièrement dans son comité logement.

Heureusement, les comités logements sont là, actifs et efficaces; des travailleuses sociales consciencieuses interviennent de manière ciblée et pertinente; et des amis tendent la main, sans laisser des préjugés les aveugler.

Car le premier endroit « où des hommes et des femmes sont condamnés à vivre dans la misère » est leur logement. « S’unir pour faire respecter [leurs droits et leur dignité], est un devoir sacré! »

Au moment où j’envoyais ces mots à l’imprimeur pour notre infolettre papier, j’ai lu une bonne nouvelle qui démontre que des solutions sont possibles. Le Devoir du 1er mars nous apprend que Près de 400 logements sortis du marché spéculatif à Drummondville. L’Organisme à but non lucratif SOLIDES a fait cette acquisition sans subvention gouvernementale. Cet OBNL possède 80 immeubles et il définit sa mission comme étant Socialiser le parc de logements pour offrir un milieu de vie abordable, sécuritaire, sain et humain au plus grand nombre de locataires et ce, afin de combattre les injustices sociales. Je ne connaissais pas cet organisme avant cet article. Il nous révèle que nous ne sommes pas seuls à porter ces valeurs sociales. Il nous démontre qu’il est donc possible de contrer la crise du logement. Car contrairement à l’impression donnée par la spéculation dans le marché locatif, la misère n’est pas une fatalité!

Daniel Marineau, volontaire permanent