Une ville pour toutes et tous
Dans le cadre de la présente campagne électorale municipale 2021, les membres du Mouvement ATD Quart-Monde appellent les candidats et candidates à mettre de l’avant des actions énergiques afin que chacun.e puisse être pleinement citoyen.ne, jouir de ses droits et mettre à profit son plein potentiel.
L’objectif prioritaire des prochaines administrations municipales devrait être selon nous la réduction des inégalités sociales, économiques, environnementales et territoriales afin de bâtir une ville plus incluse, plus accueillante et plus humaine.
Les membres du Mouvement identifie 6 enjeux sur lesquels les élu.es devraient agir.
Le logement
C’est clairement ici l’enjeu prioritaire. Les membres du Mouvement sont très inquiets devant les fortes augmentations des loyers, les reprises de logement, les rénovictions, etc.
Cela devient de plus en plus difficile de bien se loger. Nos villes deviennent inabordables. Cela pousse les ménages à faibles revenus en périphérie loin des services et de leurs réseaux d’entraide.
Il faut des logements de bonne qualité qu’on a les moyens de se payer. Les ménages à faibles revenus ont aussi le droit de vivre dans de bons environnements.
Il faut donc absolument lancer un grand chantier de logement social.
Les villes doivent avoir des règlements qui forcent la construction de nouveaux logements avec des loyers raisonnables.
Elles doivent aussi garder des terrains intéressants pour du logement social. Trop souvent les terrains qui restent sont près des chemins de fer, près des zones industrielles, loin des rues commerciales.
Il faut que les villes aient des règlements sévères contre les logements insalubres. Il faut qu’il y ait des inspecteurs pour forcer les propriétaires à faire les travaux nécessaires.
Et puis il faut que les HLM soient bien entretenus et qu’ils soient rénovés.
Parcs et espaces verts
Le COVID-19 nous a fait réaliser encore plus combien les parcs sont importants pour notre santé physique et mentale. On a tous besoin d’espaces verts près de chez soi, pour aller marcher, pique-niquer en famille, faire du sport.
Or une très grande inégalité persiste entre les quartiers plus riches et les quartiers plus pauvres au niveau des parcs et des espaces verts. C’est vraiment une grande injustice. Et avec les canicules, c’est toujours dans les quartiers défavorisés qu’il fait le plus chaud!
Les villes doivent agir. Il faut rétablir un meilleur équilibre entre les quartiers. Il faut prioriser les quartiers moins bien pourvus pour faire de nouveaux parcs, avoir des jeux d’eau ouverts tard l’été, installer de beaux modules de jeux, aménager des circuits sécuritaires pour les piétons et les cyclistes.
On doit se donner l’objectif que tout le monde ait accès à la nature et à la verdure à proximité de son domicile.
Loisirs et culture
Les villes ont une grande responsabilité afin que tous les citoyens, peu importe leur revenu, puissent profiter de belles activités de loisirs et de culture. C’est important pour avoir une bonne vie.
Il faut donc faire attention au coût des activités de loisir. Ce n’est pas acceptable que des gens ne puissent pas participer à certaines activités à cause du prix. Il faut poursuivre et développer les programmes de soutien ciblés pour aider ces ménages. On ne veut pas des loisirs pour les riches et des loisirs pour les pauvres.
On voit, par exemple, se développer une offre de camps de jour très spécialisés qui sont certainement très intéressants mais qui sont aussi très chers. Cela nous inquiète. On ne veut pas avoir des sorties en canot pour certains et un sous-sol d’église très bruyant pour d’autres.
Ensuite il est important d’éviter de mettre trop d’obstacles pour accéder au loisir et à la culture. Par exemple, si pour aller voir un film familial gratuit au cinéma du quartier, il faut aller chercher à l’avance des laissez-passer, cela désavantage les personnes qui n’ont pas de véhicule ou qui ont davantage de contraintes.
Il faut tout faire pour rendre la fréquentation facile. Les films dans les parcs, les spectacles sur la rue commerciale, les activités de médiation culturelle qui permettent de mieux connaitre le monde culturel sont des actions positives qu’il faut développer.
Il faut que le monde des loisirs et de la culture soit accueillant et ouvert à tous. Pour nous, la culture ne vient pas après le pain.
Transport et mobilité
Pour tout le monde, il est essentiel de pouvoir se déplacer afin d’aller travailler, étudier, visiter sa famille, aller à ses rendez-vous. Or se déplacer est souvent un grand défi pour les ménages à faibles revenus surtout que la proportion de ces ménages qui possèdent un véhicule est beaucoup plus faible.
Il y a évidemment la question du coût du transport en commun. Les billets d’autobus et de métro sont chers pour des personnes à petits revenus. C’est souvent un obstacle. Quand tu as un petit budget, un aller-retour en métro qui te coûte 7$ cela paraît.
Une tarification sociale qui tient compte de la capacité de payer des personnes serait une approche plus équitable.
Il faut aussi que le transport en commun desserve adéquatement les quartiers où vivent les ménages à faibles revenus. Or on constate que trop souvent il y a moins d’autobus et que ces autobus roulent moins souvent. C’est un vrai problème.
Et avec la forte augmentation des loyers dans les quartiers du centre, les gens plus démunis sont souvent forcés de partir vivre en périphérie encore plus loin des systèmes de transport. Cela les isole encore davantage.
Il faut donc un système de transport accessible financièrement et qui est pensé pour favoriser la mobilité de tous et notamment de ceux qui n’ont pas d’auto. Sinon on creuse encore davantage les inégalités.
Communications et participation citoyenne
Une ville transmet beaucoup d’informations à ses citoyens concernant les travaux qui sont menés, les projets qui sont développés, les activités de loisirs et de culture. Afin de rejoindre l’ensemble de la population, il faut vraiment une variété de moyens.
Oui il faut utiliser l’Internet et les infolettres mais il faut aussi continuer à afficher de l’information sur les portes des immeubles et mettre de l’info dans les boîtes aux lettres. Il faut rejoindre les gens là où ils sont et s’assurer d’avoir une information claire et compréhensible pour ceux et celles qui maîtrisent moins bien la langue.
Les villes mettent de plus en plus sur pied des programmes de soutien aux quartiers qui s’appuient sur l’initiative et l’implication des citoyens. Pensons aux ruelles vertes à Montréal ou encore au budget participatif.
Même s’ils sont ouverts à tous et peuvent apparaître donner des chances égales à tous, habituellement ce sont les secteurs et les citoyens les plus dynamiques et favorisés qui en profitent le plus largement.
Il faut donc avoir la vigilance de faciliter les choses, d’avoir des accommodements, d’offrir du soutien pour vraiment être équitables pour tous sinon on creuse encore davantage les inégalités entre les quartiers et on accentue le préjugé que les plus pauvres ne savent pas s’organiser.
Fracture numérique
Finalement les membres du Mouvement attirent votre attention sur les grandes inégalités qui existent entre les citoyens d’une même ville au niveau de l’informatique. C’est ce que l’on appelle la « fracture numérique ».
Pour beaucoup de personnes et de familles plus démunies, l’Internet coûte très cher. En plus, il faut les ordinateurs, les tablettes et tout l’équipement. Trop de familles se retrouvent vraiment désavantagées.
Les villes peuvent agir contre cette fracture numérique. Chaque quartier devrait avoir un grand lieu intérieur accessible gratuitement avec suffisamment d’ordinateurs et avec des gens qui peuvent aider à comprendre tout cela.
Chaque HLM devrait avoir une salle avec l’Internet gratuit pour les locataires.
Et puis il faut développer des zones publiques d’accès gratuit à l’Internet comme les parcs, les centres sportifs, les rues commerciales.
Les personnes plus pauvres ne veulent pas être laissées derrière par ce grand virage numérique.
Conclusion
L’échelon local est le niveau de gouvernement le plus près des gens. Il a donc un rôle très important à jouer afin de bâtir une société juste, conviviale où chacun.e peut bien vivre.
Les membres du Mouvement ATD Quart-Monde sont convaincus qu’en agissant avec détermination sur les 6 enjeux qu’ils ont présentés de réelles avancées au bénéfice de tous sont possibles. Êtes-vous prêts à vous y engager?
Crédit photo/vidéo : Robert Roussel – Photographe