Des ateliers participatifs avec les jeunes
Avec la Bibliothèque de rue, nous sommes habitués d’aller à la rencontre des jeunes pour raconter des histoires, bricoler, animer un jeu…mais comment permettre aux enfants de prendre part à une réflexion plus soutenue sur la lutte à la pauvreté et aux injustices sociales?
Nous souhaitons offrir des ateliers dans les écoles ou auprès d’organismes communautaires afin d’ouvrir cet espace de réflexion. Je Passe partout, organisme de soutien scolaire, nous ont ouvert leur porte au début du mois de novembre pour un atelier participatif.
Compte-rendu d’une animation réalisée par Caroline Moreau et Lisandre Bouchard LePage.
Réfléchir par le jeu
Cinq jeunes étaient présents pour l’activité. Nous avons commencé par un brise-glace autour de photos. Les jeunes devaient choisir une photo qui représente leur personnalité et une photo qui représente l’injustice.
Ce temps autour de photos nous à montrer combien les jeunes sont sensibles aux injustices. Un des garçons présents a par exemple sélectionné une photo représentant un terrain de jeux. « J’ai choisi cette photo parce que c’est pas tous les enfants qui peuvent jouer et se faire des amis. Et ça, c’est une injustice ».
L’atelier s’est terminé par un jeu. Nous avons proposé aux enfants de cheminer à travers un parcours avec obstacles. Ils étaient rassemblés en équipe de deux. Un membre par équipe avait une contrainte : faire le parcours en se tenant sur une seule jambe, avoir la vision limitée par un bandeau couvrant les yeux, avoir les pieds attachés à ceux de son co-équipier…
Assis en rond sur le sol, nous avons ensuite pris le temps de revenir avec les jeunes sur le sens de ce jeu. Ils avaient tout compris avant même que nous l’expliquions. Faire vivre l’injustice à travers un jeu.
Notre but était de réfléchir au fait que nous ne partons pas tous avec les mêmes bases dans la vie. Nous essayons tous de nous rendre à la même place (réussir à l’école, réaliser ses rêves, avoir un métier…), mais ne disposons pas des mêmes ressources pour y arriver.
Ces deux activités ont formées une animation riche de sens. Les jeunes ont reliés les thématiques abordées avec leur propre expérience, que ce soit à l’école ou dans leur famille.
En espérant pouvoir répéter de nouveau cette expérience!
La réciprocité de l’apprentissage
Toujours fascinant de travailler avec les enfants. On se demande s’ils vont comprendre, si l’activité fera émerger quelque chose, si notre sujet est trop abstrait. On se prépare à l’aveugle, guidés par nos instincts et les conseils de nos collègues. Parfois notre enfant intérieur semble si loin. Et on plonge. Animer une activité, c’est être dans le courant de la rivière. Les enfants sont pleins de vie et ça va vite.
Le plus grand défi est de canaliser leur attention. S’ils nous écoutent pendant 30 secondes, c’est déjà bien. Une minute, nous sommes aux anges. Quand l’attention est là, l’information circule et on se rend compte qu’avec leurs mots, ils comprennent tout. Certains sont gênés, d’autres prennent trop de place, d’autres encore se font très discrets. Mais ils écoutent et sont attentifs à leur façon, et ce, même s’ils ne veulent pas participer. Ce qui compte pour nous, c’est de créer des liens et des ponts entre nous et les jeunes pour faire circuler l’information. Après tout, apprendre, c’est un peu ça.
Pour ce qui est des inégalités sociales, j’ai l’impression d’avoir réussi quand j’entends des phrases comme: «Dans mon pays, au Bangladesh, il y a des enfants qui n’ont pas de jouets» ou comme «Dans mon école, le professeur à chicaner tout les élèves sauf un. Ça, ce n’est pas juste».
J’aime apprendre avec eux, car sur un pont, ça circule dans les deux sens.