Célébrer l’apport des plus pauvres

Article rédigé par Guy Demers,  sociologue et artiste allié d’ATD Quart Monde, pour la Revue RELATION  – numéro 792 de septembre – octobre 2017.

Il y a 25 ans, les Nations unies déclaraient le 17 octobre Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté.

La date de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté a été choisie, en 1992, en mémoire du grand rassemblement de 100 000 personnes convoqué le 17 octobre 1987 par Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. Une dalle commémorant les victimes de la misère avait alors été dé-voilée, sur laquelle il est écrit : « Là où des hommes et des femmes sont condamnés vivre dans la misère, les droits de la personne sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »

Cette Journée internationale a contribué à faire gagner aux plus pauvres du monde entier le respect de leur dignité en tant qu’êtres humains, en mettant en valeur leur courage et la pertinence de leur savoir pour éliminer la pauvreté et construire un monde pacifique et inclusif où personne n’est laissé à l’écart. Comme l’exprime bien Gaëtane Guénette, membre d’ATD Quart Monde du Québec : «Nous sommes un peuple de courage qui a une dignité. C’est ensemble que nous devons détruire la misère et la pauvreté. En partageant notre savoir, en apprenant les uns des autres, nous grandissons en-semble.»

Au cours des 25 dernières années, des progrès ont été accomplis, même s’il reste encore beaucoup à faire. Soulignons deux actions au Québec : l’adoption, en 2002, de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion, qui reconnaît que ces fléaux sont des entraves à la dignité humaine, et l’adoption, en 2015, d’une Stratégie de développement durable qui favorise et valorise la contribution de tous à la construction d’une société équitable, résiliente et dynamique, permettant de diminuer les inégalités et de favoriser l’inclusion de chacun. Cela n’empêche malheureusement pas que trop d’emplois offrent encore un salaire insuffisant pour sortir de la pauvreté, que le régime d’aide sociale sanctionne les plus pauvres et les exclus alors qu’il devrait les soutenir pour mieux répondre à leurs besoins fondamentaux, ou encore que les préjugés et la discrimination continuent d’accabler trop de familles en situation de pauvreté.

Sur le plan international, il faut souligner l’adoption par les Nations unies, en 2012, d’un document de réflexion et de travail intitulé : Les Principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme. Ce document est un outil important qui montre comment fonder la lutte contre la pauvreté sur les droits humains en y associant étroitement et librement les personnes concernées. Cela a conduit les Nations unies à mettre au premier rang de ses objectifs de développement durable, pour les années 2015-2030, l’élimination complète de l’extrême pauvreté dans le monde entier. Il reste certes beaucoup à faire en ce sens, notamment s’assurer que les 20 % les plus pauvres en bénéficient vraiment ; considérer le savoir-faire des personnes vivant dans la pauvreté ; promouvoir une économie qui respecte les personnes et la terre et qui offre des socles de protection sociale pour tous ; fonder l’éducation et la formation pour tous sur la coopération entre les acteurs ; et promouvoir la paix par des modes de gouvernement participatifs.

Le 17 octobre prochain, le 25e anniversaire de cette Journée sera donc célébré partout dans le monde. Ce sera le cas au Québec et à Montréal, en particulier, lors d’un grand rassemblement au parc Lafontaine. Tous les partenaires du Collectif pour un Québec sans pauvreté, au-quel ATD Quart Monde adhère depuis le début, ne manqueront pas de souligner à cette occasion tout ce qui s’est fait ici avec les personnes les plus pauvres en vue d’un meilleur vivre-ensemble.