Appel aux dons : « C’est quand la prochaine réunion ? »

Le destin semble parfois s’acharner avec férocité sur certaines personnes. C’est le cas d’Annette, une dame d’une cinquantaine d’années dont la vie compte quelques hauts et beaucoup de bas, dont le placement de ses enfants. Et pourtant Annette est une battante. Depuis quelques années, elle participe au groupe local de l’Université populaire Quart-Monde d’Hochelaga-Maisonneuve que je coordonne. Sa présence n’est pas régulière à cause de toutes les péripéties de sa vie, mais même après une absence prolongée, je lui téléphone toujours pour l’inviter et lui faire part du sujet.
Au début de l’été, un incendie s’est déclaré dans un appartement voisin et vu l’ampleur des dégâts, tous les logements de sa cage d’escalier ont été déclarés inhabitables. Le seul logement « abordable » qu’Annette a pu retrouver se situe dans une partie éloignée de son quartier, dans un secteur où criminalité et prostitution sont fort présentes.
Mais au-delà de cette insécurité, ce relogement forcé d’Annette est aussi venu briser le faible réseau d’entraide et de voisinage qu’elle avait dans son ancien logement. La brigadière scolaire qui jasait volontiers avec elle chaque jour ; la propriétaire de la fruiterie qui lui mettait de côté quelques « spéciaux », un voisin âgé : ces liens étaient d’une grande importance pour Annette.
Dans son nouveau bout de quartier, Annette n’a plus de repères. Tout est à reconquérir. Un grand défi quand on se méfie de tous, que l’on ne maîtrise pas la lecture. Et surtout la rue commerçante est maintenant trop loin pour s’y rendre à pied. Payer un billet d’autobus est une dépense importante quand on a un budget mensuel de 760$.
Récemment je suis allée visiter Annette. Des couvertures masquaient les fenêtres. Elle était en robe de chambre et semblait sortir de son lit. Annette avait baissé les bras. Dans ce décor sombre et triste, elle m’a demandé : « C’est quand la prochaine réunion ? »
Il reste difficile pour moi de comprendre ce que représentent ces « réunions » d’Université populaire Quart Monde pour Annette – qui les fréquente irrégulièrement – mais au fil des années, je réalise qu’elles ont une importance vitale pour elle. Ce qui pour moi est une expérience presque banale – être invitée à une rencontre, se faire saluer, obtenir la parole, être écoutée, parfois applaudie – est une expérience tout à fait extraordinaire pour Annette. Ces réunions représentent sans doute ces temps forts de la vie où Annette s’est sentie respectée.
Quand je lui ai demandé comment elle expliquerait ce qu’est l’Université Populaire, elle a répondu : « C’est formidable, c’est une équipe, c’est une grande joie. On se sert les coudes et on apprend à écouter les autres. »
Au moment où centres d’achats et cartes de crédit feront du temps supplémentaire, puis-je vous suggérer d’ajouter ATD Quart-Monde sur votre liste de cadeaux ? Aidez-nous à faire vivre l’Université Populaire pour Annette et tous les autres.

Marie-Christine Hendrickx, membre d’ATD Quart Monde

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