Mes premières découvertes de la Bibliothèque de rue

Isadora est en année de découverte du volontariat avec le Mouvement ATD Quart Monde. Franco-Américaine, elle a passé quelques mois dans l’équipe du Nouveau-Mexique, aux États-Unis. Depuis janvier, elle est dans notre équipe à Montréal. Elle nous partage ses premières découvertes de la Bibliothèque de rue.

« Quand je suis arrivée à Montréal, je me suis très rapidement investie dans la Bibliothèque de rue. En arrivant dans un nouveau pays et une nouvelle culture, c’était rassurant pour moi de m’impliquer dans un projet que je connaissais déjà des États-Unis. Mais la Bibliothèque de rue de Hochelaga n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. On m’avait prévenue que l’hiver la lecture se faisait dans les cages des escaliers des HLM, mais ce que cela implique m’a énormément surprise. Très rapidement, j’ai vu comment l’équipe profitait des « difficultés » du lieu pour créer une Bibliothèque de rue unique. Aux États-Unis, nous avions une question : « Comment convaincre les enfants de lire plutôt que de jouer ? » Le fait d’être à l’intérieur, dans un espace assez limité, nous focalise sur la lecture exclusivement.

L’intérêt pour la lecture qu’ont les enfants est la première chose qui m’a marquée. Bien sûr, tous les enfants ne participent pas et il y a des moments où nous parlons plus que nous ne lisons, mais nous avons trouvé un moyen solide pour mettre l’emphase sur le livre. C’est pour moi une nouvelle manière de créer un lien avec un enfant. Un autre aspect qui m’a fait réfléchir est que la Bibliothèque de rue à Montréal n’a pas « son espace » en tant que tel. Au Nouveau-Mexique, une des Bibliothèque de rue se fait dans un stand du marché aux puces. Du coup, nous avons un stand qui nous est réservé, que tous connaissent comme « l’espace Bibliothèque de rue ».

Le lieu physique de la Bibliothèque de rue est une façon concrète d’intégrer la communauté avec qui on travaille. Est-ce que ne pas avoir un lieu « à nous », dans les HLM, nous met dans une position de groupe extérieur ? À l’inverse, s’installer au pas de la porte des parents fait qu’ils s’approprient d’autant plus notre action. J’ai vu des parents nettoyer le sol à notre arrivée, et les enfants nous réclament à chaque fois de faire la lecture dans leur bâtiment. En deux mois de Bibliothèque de rue à Montréal, j’ai été perdue par moments. Mais je pense sincèrement apprendre beaucoup plus aujourd’hui que si la Bibliothèque de rue avait été la même que celles que j’ai connues aux États-Unis. »