Action dignité Lanaudière : une attente de renouveau
Lorraine Roy et Jacques Patenaude œuvrent à « Action dignité Lanaudière », un organisme communautaire créé il y a plus de 40 ans à Joliette. Ils portent un regard à la fois critique et teinté d’espoir sur l’évolution de l’action communautaire.
Quelles formes prennent vos mobilisations collectives ?
L : Depuis nos débuts, elles sont préparées avec les personnes que nous accompagnons dans la défense de leurs droits, celles qui participent à nos « cafés rencontres » hebdomadaires, celles qui passent à notre accueil. Nous sommes aussi en lien avec d’autres organismes communautaires, des syndicats, etc. pour avoir une parole commune lorsque c’est nécessaire. Récemment, nous nous sommes mobilisés contre la réforme de l’assurance-chômage qui visait à réduire les droits des travailleurs et contre des projets du gouvernement de restreindre certaines aides sociales.
Un résultat important de nos actions est aussi le sentiment d’appartenance que les personnes développent. Par exemple, nous agissons contre l’analphabétisme non seulement pour permettre aux personnes de réintégrer le marché du travail, mais aussi pour qu’elles développent leurs capacités là où elles vivent.
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
J : Nos financements de plus en plus limités réduisent notre autonomie. Entre les années 1960 et les années 1990, on se battait pour plus d’équité et de responsabilité collective. Aujourd’hui, les gens sont davantage incités à « faire de la charité. » Le gouvernement se décharge d’une partie de l’action sociale sur des fondations philanthropiques. Un fort courant individualiste se développe au Québec comme ailleurs. Les cerveaux sont ramollis par les médias. De plus, nos bénévoles vieillissent et il est difficile de les renouveler.
Voyez-vous cependant des changements possibles ?
J : Oui, des signes d’espoir et de nouvelles formes d’engagement apparaissent. Il y a eu le mouvement des étudiants en 2012. Le 22 avril 2012, une énorme manifestation écologique s’est produite à Montréal et dans d’autres villes, dont les médias ont peu parlé. Il faut que les gens se rencontrent, créent des événements. Il y a dans des associations comme ATD Quart Monde des lieux où l’on peut s’engager de façon particulièrement intéressante. Je pense qu’à moyen terme, une base nouvelle va se reconstituer, avec des personnes plus ferventes parce que plus mal prises en compte par les pouvoirs publics que le sous-prolétariat des années 1970-1980 ne l’était. Les préjugés sur les personnes bénéficiaires de l’aide sociale sont très forts chez nous. Depuis 2004, on demande au gouvernement québécois de contrer ces préjugés. Il les a au contraire consolidés en créant deux groupes : les personnes « aptes au travail » et les personnes « inaptes ». Maintenant, il veut lancer une campagne contre ces préjugés. Nous allons voir…