Des barrières entre les gens qui vivent la pauvreté et le personnel soignant, ça existe!
L’Université populaire Quart Monde de novembre 2013 posait la question suivante : «Quelles sont les barrières entre les professionnels de la santé et les gens qui vivent la pauvreté.» Les participants (43) provenaient de milieux différents, dont un médecin, des infirmières, des prof d’université, de classes moyennes et de la pauvreté. Dans les semaines qui ont précédé, plus d’une centaine de participants ont préparé la question dans un des petits groupes un peu partout au Québec.
Les barrières qui ont ressortis des échanges sont, entre autre, le manque de formation sociale des intervenants de la santé, la communication, le manque d’argent des patients qui bloque leurs choix.
Michel qui a connu la pauvreté a rapporté qu’il a dû chercher et s’acharner, grâce à l’aide d’une employée de CLSC à la retraite, pour obtenir des chaussures orthopédiques permises par la régie de l’assurance maladie. « [L’orthopédiste] n’arrêtait pas de me dire à chaque rendez-vous, comment ça se fait que vous n’êtes pas venu il y a 10 ans? [Sans ces chaussures] j’aurais pu me ramasser dans une chaise roulante, puis en institution à pourrir le restant de mes jours et moi je veux profiter de la vie et puis travailler encore, tant que je vais pouvoir.»
Les professionnels de la santé ont reconnu qu’il y a des barrières particulières face aux gens qui vivent la pauvreté. Stéphane, médecin, a dit: «On ne peut pas évaluer le milieu [de vie du patient] quand on est à l’hôpital. Franchement, on perd quelque chose là au niveau de comment on évalue le patient.» Nadine, infirmière a dit : «Ce que j’ai réalisé […] c’est que pour moi, [avant], ça n’existait pas des classes sociales. J’avais l’impression que c’était possible pour tout le monde d’aller à l’école, de réussir et de s’en sortir.»
En cherchant des solutions, Nicole a suggéré : «le patient qui est pauvre, il a pas à se sentir coupable avec la médecine. La médecine n’a pas à faire sentir le patient d’être pauvre.» Catherine propose qu’il y ait «un groupe communautaire qui peut informer comment naviguer dans le système de santé.»
En conclusion, Martin apprécie que «des individus dans le système de santé ont pris conscience qu’il y avait un problème. Ceux qui vivent la pauvreté ne sont peut-être pas des patients comme les autres. Ils ont besoin d’attention supplémentaire. Les professionnels doivent surveiller leur langage pour qu’il ne soit ni vexant, ni trop savant. Un des ingrédients de guérison est la confiance du patient envers le soignant.»