Quand on s’implique, on se sent citoyen
À la suite d’une réflexion sur la participation citoyenne en petits groupes, quarante-sept personnes se sont réunies à la maison Quart Monde de Montréal pour partager leurs savoirs sur ce sujet. Venant de différentes régions du Québec, vivant la pauvreté ou non, nous avons pu constater que chacun participait à la vie de son quartier.
Certains s’impliquent dans des organismes communautaires, pour aider à préparer des repas ou dans le conseil d’administration; d’autres vont dans les parcs pour lire un livre et inventer une histoire pour les enfants curieux; d’autres dans leur HLM font « du sucre à la crème pour les femmes qui jouent aux cartes » ou préparent des déjeuners collectifs tous les matins pour les personnes qui en ont besoin. Pour certaines personnes, cette implication permet de connaître leur environnement social : « Ce que je fais, c’est m’impliquer dans une corvée dans ma coop, (…) je trouve ça intéressant parce que j’apprends à bien connaître les gens, mes voisins. »
Les participants ont aussi identifié ce qui les aide à participer et ce dont ils ont besoin.
« Ce qui aide, c’est d’avoir des lieux de rassemblement pour pouvoir se rencontrer. » Une meilleure accessibilité au transport, des moyens pour le payer et des horaires d’autobus plus fréquents sont aussi des facteurs importants.
Ce qui aide également, c’est « le sentiment d’appartenance, sentir qu’on se reconnaît dans son quartier ». On a besoin d’être sollicité, d’être invité, (…) on a besoin de sentir qu’on est utile. »
Pour un participant, c’est aussi important d’apprendre à participer, c’est-à-dire « de passer d’une participation individuelle à une participation collective. Passer de chialer à agir, ça s’apprend aussi. »
Mais en participant ainsi, est-ce que nous nous sentons citoyens?
« Je me sens citoyen quand on réussit, comme l’histoire de l’autobus à St-Michel (des citoyens se sont mobilisent pour obtenir un trajet d’autobus) s’est sentis très citoyens. Mais quand on se bat pour la mesure du panier de consommation depuis des années et que ça ne bouge pas, là je me sens beaucoup moins citoyen. »
« Je me sens citoyenne quand je sors de la maison et pas juste entre mes quatre murs. Quand on est impliqué, je trouve qu’on se sent citoyen. »
« Des fois, on peut être citoyen, mais se sentir aussi prisonnier parce que on ne peut pas tout le temps décider. »
Finalement, une discussion sur notre pouvoir en tant que citoyen a été lancée : Est-ce que vous sentez que par votre participation, vous avez du pouvoir sur les décisions qui se prennent et qui vous concernent ?
« En tant que citoyens, je trouve qu’on est un petit peu brimés. Par exemple, les écoles qui sont toutes fermées. On a fait plein de manifestations, de rencontres, mais on sent qu’il n’y a jamais rien qui bouge. (…) Quand on a un peu de pouvoir, c’est quand on fait justement comme ce soir, ou qu’on se réunit pour discuter et essayer de mettre un peu de pression. »
« Si on parle de politique, (…) c’est déjà décidé d’avance, (…) mais nous, comme citoyens, on a le pouvoir de changer une petite chose, des petites affaires. Si on se met ensemble, on a du pouvoir (…) on peut changer des choses quotidiennes, les plus proches de nous, et ça change la vie de gens. »
« Je pense qu’on a du pouvoir quand on s’acharne à vouloir gagner quelque chose. Moi, j’ai pas besoin d’être élue pour gagner quelque chose et quand je gagne, je demande de gagner pour tous, et ça, ça vient chercher les élus. »