Le volontariat d’ATD Quart Monde, ce n’est pas un emploi

(Texte tiré de notre infolettre #161)
CE N’EST PAS UN EMPLOI
Quand j’ai commencé à travailler pour ATD, j’étais en mode découverte. Je me suis embarquée dans l’ambition de ces personnes et de ces rêves en me disant : “Cette année, puis j’irai faire autre chose.” La deuxième année, j’ai pensé : “Avec ce que j’ai appris, je veux le mettre en pratique.” Pour la troisième année, j’ai réalisé : “Avec ATD, je pourrais voyager.” La quatrième année, j’étais au Guatemala, où j’ai observé, écouté, appris. À ma cinquième année, je m’aperçois que c’était censé ne durer qu’un an, comment j’en ai passé cinq?
J’accomplis ma cinquième année à ATD Quart Monde, et je n’imagine pas la fin de cet engagement. Sans le savoir, ATD répondait au travail idéal. Un emploi qui prend soin de ma santé mentale, qui me donne un salaire, avec des offres à l’étranger. Ce serait les avantages d’un emploi, mais ce n’en est pas un. Je vis un engagement qui a un idéal de vie. L’idéal tout humain, qui offre une vie d’équipe horizontale, qui s’ouvre au potentiel de chacun, qui a une approche au temps fluide, qui est un lieu de formation, dans l’appréciation des nouvelles rencontres et de la qualité des amitiés.
C’est avant tout un choix, je choisis de passer par la pauvreté pour changer la société. Je m’allie à la solidarité au sein de la misère. Je m’allie à ceux et celles qui luttent pour s’affirmer : « Je ne suis pas de pierre, je suis humaine », » Si je pouvais rêver, y’aurait pas à manger. Je m’occupe des préoccupations pour que mes enfants rêvent. »
Je m’y engage avec mon amour du théâtre, de la littérature et de la créativité. Avec le temps, l’énergie, l’indemnité financière, je recueille les preuves vivantes entre souffrance au quotidien et affirmation de soi.
Alors je pourrais dire que je suis une animatrice socio-culturelle, mais ce serait une formulation erronée qui démontre l’action et oublie les répercussions: libérer la parole, sortir de la culpabilité et mettre en mouvement un changement collectif
Marianne Marineau, Volontaire permanente