Une passe en or

Une passe en or

L’auteure raconte la genèse de cette histoire

Julien, jeune fan de hockey, reçoit un soir de sa maman le blouson de son équipe préférée. Le garçon explose de joie et décide de l’arborer dès le lendemain à l’école. Mais Francis, l’un de ses camarades, s’aperçoit rapidement que le vêtement dont est si fier Julien n’est autre que le vieux blouson de son frère, donné à une œuvre de charité. Les moqueries commencent. Blessé, honteux, Julien a bien du mal à garder son calme. Un match de hockey finira par les réconcilier en rappelant à tous que solidarité et esprit d’équipe permettent de dépasser les préjugés.

Un jour, Louis, mon fils de 10 ans est rentré de l’école de quartier en me racontant que Julien, un camarade de classe, avait des ennuis. « Les autres, ils disent qu’ils aiment pas sa face à Julien… Moi je l’aime bien… ». Julien était un enfant qui portait les stigmates de la pauvreté. Il vivait avec ses trois frères et sa mère dans un logement insalubre, non loin de chez nous et il n’était pas rare qu’il arrive en retard en classe le matin. Parfois, Julien est venu parfois frapper à notre porte pour inviter Louis à jouer au hockey avec lui. Chaussé de ses patins à roulettes, il transportait allègrement sur l’épaule son but de hockey ainsi que son bâton.

Cette histoire vraie, mais plutôt banale dans le quartier assez défavorisé de l’est de Montréal que nous habitions, a été le point de départ de mon tout premier roman jeunesse. Je désirais sensibiliser les enfants de l’âge de mon fils à cette réalité de la pauvreté. Expliquer comment, la pauvreté rend la vie difficile mais surtout, comment elle expose ceux qui la vivent aux jugements de toute sorte et fait naître la honte. J’ai imaginé un scénario et plusieurs personnages au travers duquel les jeunes lecteurs pourraient ressentir cette « brûlure » de la honte, et comment celle-ci peut être à l’origine de gestes violents, comme un coup de poing.

La vie ressemble parfois à un match : quand on joue trop perso, on n’a pas beaucoup de chance de s’en sortir. Mais quand l’équipe est soudée, elle promet de belles revanches. Julien va en faire l’expérience…

Je voulais également mettre en évidence ce qui relie les enfants les uns aux autres, quelle que soit leur condition sociale. Dans cette histoire, il s’agit du hockey, ce sport collectif ou, pour gagner, il faut jouer en équipe. Et surtout, je voulais parler de l’amitié, dont tous, petits et grands, avons tellement besoin pour surmonter nos épreuves.

Je crois profondément que nos lectures nous façonnent. Plus jeune, je rêvais de « changer le monde ». Je crois avoir trouvé avec l’écriture de romans pour la jeunesse, un moyen de le faire.

Marie Christine Hendrickx, mère de 4 enfants, a été 7 ans volontaire permanente du Mouvement ATD Quart Monde. Elle habite depuis 25 ans dans le quartier Hochelaga à Montréal, et travaille en éveil à la lecture auprès de la petite enfance. Elle est auteure jeunesse publiée aux Éditions Bayard Canada, Bayard France et Pastel.