Un grand Mouvement fraternel qui dit ses nombreux visages en 2018 | Jean Richard

Jean Richard

Salah Farhat et moi représentions ATD Quart Monde au Canada pour une rencontre internationale qui s’est tenue du 10 au 17 octobre 2018 en France.

Avec la présence de personnes parlant 11 langues et venant de 23 pays, c’était tout un défi de mettre ensemble ces gens et de permettre des échanges véritables malgré ces barrières que la traduction a tenté du mieux qu’elle a pu de franchir. Cette rencontre aura servi manifestement à prendre le pouls du Mouvement et à le faire conformément à la tradition d’ATD Quart Monde à travers les témoignages de militants, d’alliés et de volontaires permanents. Une programmation était prévue comme déclencheur de cette réflexion à partir de questions simples posées à tous. Les réponses furent partagées en petits ateliers favorisant l’expression de tous et ensuite en grand groupe pour permettre l’échange dans une grande salle de Pierrelaye – siège du Mouvement international ATD Quart Monde – où nous étions présents.

Voici un aperçu de ces questions :

  • D’où je viens ? Qu’est-ce que je fais dans le mouvement  et avec qui ?
  • Qu’est-ce que c’est le mouvement pour nous ? De quoi sommes-nous fiers ?
  • Quelles difficultés nous rencontrons pour nous lier et agir avec d’autres ?
  • Qu’est-ce que nous voudrions mieux réussir ensemble ?
  • C’est quoi le 17 octobre pour moi ? Comment nous le vivons dans notre pays ?
  • Comment cette journée du 17 octobre crée un courant de refus de la misère qui unit tous ?

Ces questions ont fait surgir des réalités qui montrent une diversité étonnante. Shaeda, une volontaire permanente anglaise, nous a parlé du soutien apporté aux familles qui se font enlever leurs enfants sans que soit démontré légalement la maltraitance. Elle nous rappelle qu’il est encore légal là-bas de retirer des enfants de familles pauvres pour les donner en adoption.
Ousseini du Burkina Faso raconte comment, étant lui-même un enfant vivant dans la rue, il a développé avec son équipe une aide pour que ces jeunes se retrouvent dans ce qu’ils appellent la  » Cour aux cent métiers  » un lieu de partage, équivalent à une Maison Quart Monde, d’apprentissage manuel et d’inclusion ce qui contraste avec la mise à l’écart de ces enfants dans la société burkinabé. A travers des apprentissages manuels et la pratique de la musique, Ousseini lui-même a trouvé un chemin d’inclusion et de petits revenus avec dignité.
Joseph originaire de Madagascar dans le sud de l’Afrique a raconté le long chemin de sa communauté pour faire face aux inondations répétées du terrain où habitent des gens dans des conditions proches d’un bidonville. Il nous a montré comment ils ont réussi, en allant chercher l’appui de plusieurs partenaires, à creuser des canaux pour faire face aux grandes pluies et améliorer leur sort.

Partout dans ces réponses et les échanges qui ont suivi , l’importance de la prise en compte des personnes vivant la pauvreté ressort fortement comme motivation à imaginer 100 manières d’écouter, de prendre en compte et d’impliquer les personnes comme premiers acteurs de leur libération. A n’en pas douter, cette écoute et cette prise en compte que j’ai constaté envers les participants lors de ce Regroupement mondial constitue un bon reflet de nos pratiques et un signe clair qu’ATD Quart Monde fait ce qu’il dit vouloir faire.

Cette cohésion produit de manière évidente un profond sentiment de faire partie d’un même Mouvement au-delà des frontières et une expérience touchante que je n’avais jamais ressenti avec autant de force.

Photos : © ATD Quart Monde