Jean-Pierre Hétu : Des groupes communautaires à ATD Quart Monde

Après avoir été organisateur communautaire, Jean-Pierre est allié d’ATD Quart Monde à Rouyn-Noranda, en Abitibi, et membre du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

À partir des années 1970, le Ministère de la Santé et des Services Sociaux a fortement investi dans l’action communautaire en créant les CLSC (Centres Locaux de Services Communautaires axés sur la santé) et en finançant des postes d’organisateurs communautaires. Leur mission : accueillir les citoyens et les orienter vers des associations et des services existants ou les aider à démarrer leur propre association. Cette mission d’écoute des citoyens a aussi parfois conduit les organisateurs à « déranger » leur établissement, comme lorsque Jean-Pierre a souligné que seulement 40 % des personnes en situation de pauvreté profitaient des services de son CLSC. N’est-ce pas parce que les 60 % restant n’ont pas été impliqués dans la conception de ces services et ne se sentent pas concernés ?

“la lutte contre la pauvreté ne doit pas dépendre uniquement de la communauté locale et des associations. Elle est aussi un enjeu aux niveau du gouvernement et de la loi.”

Pour Jean-Pierre, face à une demande, il s’est toujours agi de faire avec les gens et non à leur place. « Mes repères étaient : est-ce une demande du milieu ? Trois ou quatre personnes au moins sont-elles prêtes à s’investir ? » Son objectif : viser l’autonomie des personnes. « Je leur disais :“Je vais vous accompagner, mais plus ça va avancer, plus vous allez en faire et moins je vais en faire !” »
Une condition importante de l’action communautaire est le financement. Même si, au Québec, les associations de défense des droits et de mobilisation citoyenne peuvent recevoir des fonds publics et des dons privés (1), les financements sont de plus en plus difficiles à obtenir. Et les CLSC ayant été fusionnés en 2003 avec les hôpitaux et des centres de soins pour personnes âgées, l’influence des organisateurs communautaires s’est diluée au sein de ces nouvelles structures.
Pour Jean-Pierre, la lutte contre la pauvreté ne doit pas dépendre uniquement de la communauté locale et des associations. Elle est aussi un enjeu aux niveau du gouvernement et de la loi. C’est pourquoi il est également actif au sein du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

(1). Alors que, dans les autres provinces du Canada, seules le peuvent les œuvres de charité qui soulagent la pauvreté en apportant une aide matérielle.