Revue Quart Monde N°249 | Bidonvilles, retour d’expériences

La revue Quart Monde a l’ambition d’établir et de nourrir un courant de pensée issu de la vie des plus pauvres. Elle rend compte d’actions et d’études qui peuvent être des chances à saisir pour le monde de demain. Elle aborde les questions de société telles que les vivent ceux que la misère fait taire, ceux qui, à leurs côtés, cherchent à comprendre et agir, ceux qui veulent porter ces questions au cœur de leur profession et de leurs recherches.

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Introduction

Par Martine Hosselet-Herbignat

Né dans un bidonville aux portes de Paris en 1957, le Mouvement ATD Quart Monde s’est développé ensuite dans plusieurs autres bidonvilles de la région parisienne et d’ailleurs. Une politique de résorption de ces bidonvilles a été mise en œuvre dans les années 60 et 70 par les pouvoirs publics. Le mal-logement n’a pas pour autant disparu : barrios et slums n’ont cessé de s’étendre partout dans le monde. Dans son rapport du 30 décembre 2015, Leilani Farha, caractérise le « sans-abrisme » comme : « […] Une crise mondiale […] qui requiert une réponse mondiale immédiate. Il concerne tous les contextes socio-économiques – les pays développés, émergents et en développement, qu’ils connaissent la prospérité ou l’austérité. »

Dans les pays du Nord, l’hébergement, prévu comme salle d’attente vers un logement digne de ce nom, est souvent devenu un système hypertrophié et complexe où s’égarent durablement des familles sans abri. En urbaniste engagé, Jean-Pierre Charbonneau note : « Il s’agit de travailler sur ce qui est, la ville, ses quartiers, ses espaces, ses usages, sa vie sociale […] Le but n’est pas de construire une ville nouvelle idéale mais d’améliorer la ville existante, d’en prendre soin telle qu’elle est, de faire que l’on y vive plutôt mieux. ». Paradoxalement, dans les chabolas de Madrid, à Toulouse et ailleurs, la pauvreté et la précarité des habitants, associées à l’hostilité des pouvoirs publics, ont pu jouer en faveur d’une organisation collective efficace.

  • Des mouvements émancipateurs émergent pour rappeler aux élus que leurs politiques sont la plupart du temps inadaptées aux véritables besoins.

Dans les mégalopoles du Sud et les pays en développement, les habitants des bidonvilles ont fait de la résistance leur quotidien : « Nous sommes tous dans le même malheur alors le peu que tu as, tu le partages avec l’autre. Nous avons toujours vécu comme ça. »
Tout en analysant : « Un État responsable devrait faire beaucoup d’efforts pour que les bidonvilles n’augmentent pas, parce qu’il y a beaucoup de conséquences sur la vie des gens. Tant qu’il n’y a pas une véritable politique inclusive – cela veut dire que chaque citoyen est mobilisé – cela ne peut pas vraiment marcher. »

Théâtres de multiples tensions et de grande violence,

  • Oubliés des services de l’État, ces « habitats non ordinaires » constituent désormais le lot d’une moitié au moins de l’humanité actuelle. Ils interrogent en profondeur notre capacité à vivre ensemble car « un droit qui n’est pas universel demeure un privilège et se révèle dès lors fragile »,

Ce « droit d’habiter la terre », dont Joseph Wresinski disait que les plus pauvres en étaient interdits.

Sommaire

Éditorial : Isabelle Pypaert Perrin : Les droits de l’homme : une affaire de courage humain

Dossier : M. Hosselet-Herbignat : Bidonvilles, retour d’expériences ; Margot Delon : Comment les bidonvilles marquent la trajectoire des enfants qui y ont vécu ; Université Populaire Quart Monde grand sud-ouest : Se loger ; Charlotte Vorms : Les bidonvilles madrilènes sous le franquisme : organisation sociale et construction politique ; Xavier Crépin : Les quartiers précaires, quelles expériences issues des villes en devenir ? Julien Damon : Bidonvilles du nord, bidonvilles du sud ; Michel Platzer : Hébergement et logement : la politique du pompier pyromane ; Marc Bernardot : Habitats et habitants non ordinaires face à l’inhospitalité souveraine ; Membres d’ATD Quart Monde en Haïti : « Vivre en paix : la seule chose que j’espère » ; Jean-Pierre Charbonneau : Le porche, ou les grandeurs et les misères de l’urbanité ; Thomas Couderette : Recherche collective de solutions adaptées.

Écouter voir : Bella Lehmann-Berdugo, Marie-Hélène Dacos-Burgues : Films : Pupille, Les Invisibles

Fondamentales : Bernard Monnet : Un homme d’espérance

Entretien : Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky : La voix de ceux qui crient

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