Réveiller les murs endormis | Anaëlle

Anaëlle

Je suis Anaëlle. D’ici à l’été 2019, je me suis engagée dans une découverte d’ATD Quart Monde. Six mois c’est long et court à la fois. Six mois pour mieux comprendre, mieux intégrer, mieux m’impliquer. Six mois pour avancer sur mes réflexions, pour me lancer des défis. Six mois, c’est très court en fait. ATD Quart Monde m’a demandé de vous partager ici quelques chroniques de cette expérience.

Nous nous rencontrons à la bibliothèque municipale d’Hochelaga. Entourés de livres pour enfants, quel meilleur endroit pour préparer une bibliothèque de rue ? J’aime fouiner, trifouiller et dégoter de beaux livres. Il y en aura pour tous les goûts. J’espère qu’ils plairont. J’ai choisi mes préférés.

Nous sommes maintenant dans le parc. Le soleil est là, le froid aussi. Le vent me glace les narines. J’espère qu’on nous ouvrira vite la porte ! En hiver, c’est dans les cages d’escaliers que nous nous réfugions. Nous rencontrons les enfants sur le pas de leur porte. C’est particulier. C’est comme mettre un petit orteil dans leur intimité. Nous développons peu à peu l’art d’être présents sans être intrusifs. Ce n’est pas toujours évident.

La première porte reste close. La deuxième s’ouvre mais personne ne sort. Nous ne nous décourageons pas. La troisième est la bonne ! Un sourire, puis deux, puis trois, toute la fratrie nous rejoint. La couverture étalée, nous voilà embarqués dans diverses histoires mirobolantes. Les rires d’enfants emplissent la cage d’escalier comme pour réveiller les murs endormis.

Nous avons encore le temps d’aller voir d’autres amis. Ils nous accueillent avec énergie. Cette fois, nous survolons à peine les livres. Une feuille de papier et des crayons, voilà tout ce qu’il faut pour exprimer notre imagination débordante, haute en couleurs. Ou encore, pour dévoiler nos exploits en écriture. Un calme fécond s’installe cette fois. Il repousse les bruits nuisant venant de l’extérieur. Rien ne peut perturber les petits créateurs. Sur la couverture, un autre monde est possible.

Les portes se referment. Nous voilà repartis. Je tente de rentrer chez moi sans me ramasser sur le verglas. Le nez gelé, c’est le bus que j’attends désormais. Ma tête, elle, est remplie de rires, d’histoires, de questions, d’insécurités et d’espoir sur ce que nous venons de vivre ensemble.

Découvrez également la chronique Écouter c’est bien, comprendre c’est mieux d’Anaëlle.

Photos : © ATD Quart Monde