L’université populaire vue par ses participantes et participants

Sophie, Robert, Nathalie, Marie-Christine, Caroline, Pauline, et Céline vous parlent d’une action pas comme les autres, qui « reconnaît l’intelligence de chacun.e », et qui nous aide collectivement à mieux combattre la pauvreté.

Sophie : « Reconnaître l’intelligence de chacun.e »

Il y a de nombreux préjugés à l’égard des personnes vivant en situation de pauvreté. L’un des plus dommageables est de croire que ces personnes sont ignorantes, dépourvues d’intelligence et incapables d’apporter une contribution au débat de la société actuelle.

À ATD Quart Monde, nous refusons de diviser le monde entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. En 1972, en France, les Universités populaires Quart Monde ont été créées. Depuis maintenant 7 ans au Québec, plus d’une centaine de personnes y participent 5 fois par année. Allant au-delà d’une « université pour le peuple », l’Université populaire Quart Monde réunit des gens de milieux différents qui ensemble réfléchissent et se forment les uns les autres.

Bien sûr, les défis sont de taille pour ceux et celles qui ne fréquentent jamais les salles de cours ou les réunions de travail : apprendre à écouter, à formuler sa pensée, à la transmettre. Les apprentissages sont aussi nombreux pour les personnes qui ne vivent pas la pauvreté : se laisser bousculer par la pensée des personnes les plus pauvres, apprendre à écouter quand les logiques ne sont pas les mêmes, oser confronter nos opinions quand nous ne sommes pas d’accord…
C’est cette démarche que ce dossier veut vous partager. C’est ainsi qu’un vendredi matin, nous nous sommes retrouvés dans la cuisine de Marie Christine, éducatrice en garderie; avec Robert, homme à tout faire dans un restaurant; Nathalie, mère au foyer qui travaille à temps partiel; Caroline, nouvellement dans l’équipe d’ATD Quart Monde ; et moi-même, pour bâtir ensemble, au-delà de nos différences, le contenu de cette dossier.

J’ai la chance d’animer l’Université populaire Quart Monde depuis 3 ans ici au Québec. Alors que l’actualité mondiale se base sur la peur de l’autre et sur le clivage, je découvre avec les participants de l’Université populaire Quart Monde que vivre, travailler et penser ensemble, c’est possible. Et plus que jamais je suis convaincue que se priver du « savoir » des plus pauvres, c’est un gâchis pour tous !

Robert, Nathalie, Caroline, Marie-Christine et Sophie :  « L’université populaire, qu’est-ce que ça change ? »

Les différents sujets abordés à l’Université Populaire nous permettent de mieux comprendre la société dans laquelle on vit.

On s’entraîne à réfléchir, à prendre la parole et à écouter les autres. L’atmosphère de grande confiance nous permet de gagner en assurance. Par la suite, on a moins peur dans notre quotidien de rencontrer notre agent d’aide social, notre médecin, notre propriétaire, etc.

On crée des liens de qualité entre des gens de milieux différents. Ces liens ne sont pas banals. Ils nous permettent de mieux nous comprendre et de nous sentir égaux.

« Avant, je regardais à terre quand je marchais dans la rue ou quand je montais dans l’autobus. Maintenant, je lève les yeux. » (Évaluation de l’Université populaire Quart Monde – Mai 2013)

« C’est un endroit où l’on peut s’exprimer, qu’on soit riche ou pauvre, sans être jugé et avec grande dignité. » (Université populaire Quart Monde – Janvier 2013)

« Pour moi, l’Université populaire c’est une occasion de discuter de plein de sujets qui me tiennent à cœur, que je n’ai pas l’occasion de discuter, que ce soit en famille ou ici. C’est mon cœur qui parle. »  (Université populaire Quart Monde – Janvier 2013)

Pauline : « s’en parler pour s’en sortir »

À l’Université populaire, je rencontre de nouvelles personnes. J’apprends où elles restent et elles parlent de leur vécu. J’aime écouter les gens car ça m’enrichit, ça m’instruit et j’apprends à me débrouiller. J’apprends à lutter contre la pauvreté car si on n’en parlait pas, qui s’en sortirait ? Quand on est tout seul, on ne peut pas s’en sortir ! À l’Université populaire, on s’aide à trouver ensemble une solution pour régler le problème de la pauvreté.

Ce que j’aime aussi, c’est les invités. Ils m’aident à comprendre le thème de la soirée. Il y a des gens plus instruits que moi à l’Université populaire, mais ils apprennent de moi, à partir de ce que j’ai vécu dans ma vie.

Il faut que ça continue, car ça me fait sortir, et ça aide à mon moral !

Céline : « on se sert les coudes »

Pour moi, l’Université populaire, c’est formidable. C’est une équipe. C’est une grande joie.
On apprend beaucoup de la vie des autres. Chaque personne est différente.
On écoute chacun.
On a une communication entre nous. On se parle.
On apprend à connaître du monde.
C’est important d’accueillir les nouveaux qui viennent à l’Université populaire.
Se faire recevoir, c’est important.
On est une bonne équipe même si on est différents.
La complicité du Quart Monde c’est extraordinaire.
On se sert les coudes et on apprend à écouter les autres.
Il y a de l’harmonie car chacun parle. Il y a une belle complicité.
On se sent à l’aise.
Dès la première réunion, je me sentais bien.
Grâce à Sophie, David, Marianne et tous les autres, on se sent accueilli avec un grand sourire !